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Les astuces indispensables pour optimiser vos échanges avec une personne malentendante

Interagir avec un malentendant est un combat de tous les jours.


D’après le rapport 2022 de l’INSERM, la perte auditive touche 6 % des 15/24 ans et un adulte sur quatre en France. Malgré l’accessibilité à des technologies innovantes, cette dernière n’est pas efficace au point de remplacer une oreille en bonne santé. Ni entendantes ni sourdes, les personnes qui se trouvent entre ces deux mondes ressentent régulièrement un sentiment d’exclusion. De ce fait, elles peuvent facilement s’enfermer dans un isolement pouvant aller parfois jusqu’à la dépression. Pourtant, de nombreuses alternatives existent pour éviter cette situation. Quelles solutions pouvons-nous mettre en place pour mieux interagir avec un malentendant ? C’est parti pour 3 conseils simples et efficaces à intégrer dans votre routine quotidienne.

1. Parler face à son interlocuteur

Interagir avec une personne dont l’ouïe est altérée passe avant tout par un contact visuel. Ceux qui subissent une perte auditive perçoivent les sons moins forts. C’est pourquoi le petit Tom sursaute quand sa maman rentre du travail, il ne l’a pas entendu !

La direction de notre voix influe sur la perception auditive

Nos oreilles permettent de définir la provenance des voix. Lors d’un dysfonctionnement de l’oreille interne ou externe, elles sont moins bien perçues. Notre positionnement a une importance majeure dans la transmission du son, en particulier pour les déficients auditifs. Pour bien comprendre, prenons l’exemple des guides touristiques, formés à rassembler leur auditoire face à eux, avant toute présentation. Un visiteur derrière le guide n’entendra pas clairement les explications. Une qualité d’interaction optimale nécessite donc d’être face à l’autre.

Lecture labiale et communication non verbale, une association gagnante

Les déficients auditifs ont besoin de voir les lèvres de leur interlocuteur. Même si certains mots et syllabes leur échappent, la lecture labiale leur est précieuse. Cependant, les « sosies labiaux » sont fréquents : « je mange des frites » et « je marche très vite » sont deux phrases qui peuvent facilement être confondues. C’est là qu’intervient la communication non verbale qui va plus ou moins jouer sur les émotions. Regarder les lèvres s’avère particulièrement efficace lors de situations assourdissantes. Après avoir capté l’attention de la personne concernée, voici quelques conseils utiles à appliquer :

  • articuler ;
  • contrôler son débit ;
  • aménager des temps d’arrêt ;
  • parler naturellement et distinctement ;
  • reformuler afin de vérifier que la personne comprend.

💉 Pour aller plus loin : pourquoi donner notre sang est-il vital ?

2. Trouver l’environnement adéquat pour discuter avec un malentendant

Suivre une discussion en milieu bruyant n’est agréable pour personne. Quant aux malentendants, les obstacles à une écoute de qualité sont multiples : télévision, travaux sur la voirie, chant des oiseaux, et même les pleurs d’un nourrisson !

Le bruit, pire ennemi de l’audition

Vivre ce handicap invisible suppose de déployer des efforts de concentration pour s’adapter à son environnement. En outre, en plus d’essayer de capter la provenance des sons, l’ouïe défaillante filtre certaines fréquences de voix. Par conséquent, même avec des appareils performants, tous les sons perçus sont amplifiés et deviennent cacophoniques. Dans le cas où la situation viendrait à se présenter, le meilleur moyen d’interagir avec un malentendant est de trouver un endroit silencieux.

L’oreille humaine capte des intensités comprises entre 0 et 120 dB, niveau à partir duquel des structures de l’oreille interne peuvent être irréversiblement détruites.

INSERM, Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale
La complexité des conversations en groupe

Les déficients auditifs doivent sans cesse analyser et compléter des informations lors des discussions. En effet, en interprétant une phrase d’après son contexte, le cerveau va essayer de reconstituer les sons manquants. Ce phénomène s’appelle la suppléance mentale. Voilà pourquoi suivre de multiples conversations requiert un effort supplémentaire, ce qui est fatigant. De ce fait, il y a de grandes chances pour que votre proche s’isole, dépité de ne pas pouvoir participer.  

Le saviez-vous ?

  • certains sons peuvent être déformés ;
  • les consonnes sont facilement confondues ;
  • les fréquences aiguës ne sont pas toujours perçues.

📣 Crier et accentuer exagérément ses propos empire la communication avec les handicapés auditifs. D’ailleurs, votre interlocuteur risque de se vexer.

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3. Suivre des cours de langue des signes française (LSF)

Indéniablement, ce mode de communication tend à se démocratiser. Toutefois, nous constatons qu’il y a confusion entre les termes langue et langage : si la première permet à un groupe donné de communiquer, le second est le moyen d’y arriver. De plus, la LSF n’est pas universelle, puisque chaque pays l’adapte à sa propre culture. Signer, c’est tout simplement entrer dans un autre monde.

Pourquoi apprendre à signer ?

En plus d’être un outil sensationnel de conversation pour sourds et malentendants, la LSF est d’une richesse inouïe. Il s’agit d’un langage gestuel utilisé par les déficients auditifs pour dialoguer entre eux. D’ailleurs, chaque pays l’adapte à sa propre culture. Depuis 2005, elle est reconnue en France comme langue à part entière. Voici quelques raisons de l’apprendre, ou du moins, de connaître quelques signes utiles :

  • comprendre le langage sourd ;
  • pratiquer une langue belle et originale ;
  • converser avec une personne non-entendante ;
  • partager des moments privilégiés avec votre interlocuteur, dont la déficience pourrait un jour s’accentuer.

📚 Suivre des cours à plusieurs est une piste intéressante à explorer. C’est également une belle preuve d’empathie envers un proche malentendant.

Comment se former à la LSF ?

Grâce à de nombreuses plateformes en ligne, il est possible d’apprendre à signer assez vite. Cependant, il est souhaitable d’être suivi en présentiel par un professeur formé sourd. Ainsi, il lui sera plus facile d’apprécier la bonne gestuelle de son élève. Vous voulez vous exercer, n’hésitez pas à rejoindre les « cafés signes » de votre région !

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➡️ Un peu plus de lecture ? N’hésitez pas à lire notre article sur l’endométriose !

Vous l’avez compris, interagir avec un malentendant est un combat de tous les jours. D’ailleurs, tout type de handicap, visible ou invisible, se surmonte plus facilement avec l’aide de ses proches. Il ne tient qu’à nous d’intégrer dans notre routine des méthodes qui leur rendent la vie plus simple. La bienveillance et la patience sont les maîtres mots d’échanges sereins en famille ou entre amis.

Sources : inserm.frpresse.inserm.frjamanetwork.comwho.int │ « Les méduses n’ont pas d’oreilles », Adèle Rosenfeld │ « L’entre-deux mondes des devenus sourds », documentaire.

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