Catégories
Société

L’invisibilisation des femmes #1 : Les programmes éducatifs

On t’explique comment les programmes éducatifs contribuent à l’invisibilisation des femmes dans notre société !

Avez-vous déjà remarqué l’absence des femmes dans les programmes éducatifs tels que les manuels scolaires d’histoire, de sciences ou encore de littérature ? Ce phénomène patriarcal porte le nom « d’invisibilisation des femmes ». On t’explique !

Que signifie l’ « invisibilisation des femmes » ?

Dans une interview en novembre 2018, c’est la créatrice du podcast féministe La Poudre qui définit ce terme. Elle déclarait que “L’invisibilisation des femmes, c’est le fait que les vécus des femmes, les paroles des femmes, les pensées des femmes, le travail des femmes soient globalement occultés, « silenciés » dans l’espace public”.

Le sujet de l’invisibilisation des femmes dans les manuels scolaires est donc un sujet important d’actualité. En effet, les récits historiques dominants marginalisaient souvent, voire ignoraient l’histoire des femmes. En France, les manuels scolaires ont longtemps mis en avant les hommes qui ont marqué l’histoire, au détriment des femmes qui ont également contribué de manière significative à la société. C’est une violence insidieuse, une frontière du patriarcat qu’il reste à repousser.

Cette marginalisation de l’histoire des femmes a des conséquences importantes. En effet, elle peut conduire à une sous-représentation et à une dévalorisation des femmes dans la société. Ainsi, si les femmes ne sont pas reconnues pour leurs contributions passées, il sera plus difficile de les valoriser dans le présent.

Une occultation des femmes dans les manuels d’histoire

Les manuels d’histoire ont tendance à mettre l’accent sur les réalisations des hommes, tandis que les réalisations des femmes sont souvent ignorées ou minimisées. En effet, les femmes scientifiques, auteurs, artistes, politiques, et activistes peuvent être absentes ou sous-représentées dans les manuels d’histoire.

invisibilisation

Dans “L’homme préhistorique est aussi une femme”, la préhistorienne et directrice de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), Marylène Patou-Mathis, nous raconte une préhistoire débarrassée des préjugés sexistes qui l’ont construite. Les femmes de cette époque étaient tout autant chasseuses et tailleuses d’outils que les hommes.

Il aura fallu attendre la découverte de la tombe de la chasseuse Wilamaya Patjxa au Pérou en 2018 pour que l’ensemble des autres sépultures découvertes depuis des décennies soit étudié à nouveau. Cette sépulture est la plus ancienne connue du continent américain (9 000 ans). Le verdict est tombé : le plus ancien chasseur américain que nous connaissons est une chasseuse.

L’absence des femmes dans les manuels scientifiques

Les programmes scolaires de sciences sous-représentent ou ignorent souvent les femmes scientifiques.

invisibilisation

Par exemple, la découverte de la structure de l’ADN en 1953 est généralement rattachée à James Watson et Francis Crick. Cependant, la contribution de Rosalind Franklin, une scientifique britannique, a longtemps été ignorée. Franklin a joué un rôle crucial dans la découverte de la structure de l’ADN en utilisant la cristallographie aux rayons X pour prendre des images de celui-ci. Malheureusement, Watson et Crick ont utilisé ses travaux sans sa permission pour développer leur propre modèle.

Nous pouvons aussi rappeler la minimisation du rôle de Marie Curie dans la découverte de la radioactivité. C’est elle qui a donné naissance à ce terme et qui est parvenue à isoler les éléments chimiques des minerais radioactifs qu’elle étudiait avec son mari Pierre Curie.

L’occultation de l’apport des femmes dans la littérature

Les programmes de littérature ont fréquemment une liste de lectures qui privilégient les œuvres d’écrivains masculins. Les femmes écrivaines sont majoritairement exclues ou présentées de manière stéréotypée. Selon une étude de l’association Osez le féminisme, seulement 17 % des textes étudiés pour le Bac de français en 2018 étaient écrits par des femmes.

Plusieurs auteurs classiques étudiés à l’école ont critiqué les femmes dans leurs ouvrages. L’un des plus connus est certainement Arthur Schopenhauer. Dans son ouvrage Le Monde comme Volonté et comme Représentation, publié en 1818, Schopenhauer a exprimé des opinions très négatives sur les femmes. Il les considérait comme intellectuellement inférieures aux hommes et les critiquait pour leur émotivité et leur manque de rationalité. Aujourd’hui, de nombreux critiques considèrent les opinions de Schopenhauer sur les femmes comme étant dépassées et rétrogrades.

Aussi, dans son livre Émile, ou De l’éducation publié en 1762, Jean-Jacques Rousseau affirme que les femmes sont physiquement, émotionnellement et intellectuellement inférieures aux hommes. Il soutient que leur rôle est de se soumettre aux hommes. Selon l’auteur, elles doivent se concentrer sur leur rôle de mère et d’épouse.

Autre exemple : Gustave Flaubert dans son roman Madame Bovary, publié en 1856. Dans celui-ci, il émet une critique des femmes pour leur vanité, leur cupidité et leur manque d’intelligence. Le personnage principal, Emma Bovary, est une femme frivole et égoïste qui est incapable de trouver le bonheur dans sa vie conjugale et qui finit par se ruiner elle-même.

Enfin, dans plusieurs de ses romans, Honoré de Balzac décrit les femmes comme étant manipulatrices, faibles et superficielles.

Invisibilisation, quelques progrès…

Heureusement, des efforts ont été faits pour remédier à cette situation. Des groupes de pression, des organisations et des activistes ont commencé à se mobiliser pour mettre en avant l’histoire des femmes. Leur objectif est d’intégrer des figures féminines importantes dans les manuels scolaires et les programmes d’enseignement.

Ainsi, en 2017, la représentation du clitoris dans un manuel de Sciences de la vie et de la Terre avait fait l’événement. À présent, un manuel de SVT sur huit, en France, représente fidèlement l’appareil génital féminin. La même année, le programme du bac de français comportait pour la première fois une femme de lettres !

En 2019, le Ministère de l’Éducation Nationale a annoncé l‘inclusion d’un chapitre dans les manuels scolaires. Celui-ci porte exclusivement sur l’histoire des femmes. Cette initiative vise à mettre en avant les femmes qui ont joué un rôle important dans l’histoire, telles que Simone de Beauvoir ou Olympe de Gouges. Cela permet ainsi de contribuer à une représentation plus équitable et inclusive de l’histoire.

Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour assurer une véritable représentation de l’histoire des femmes dans les programmes d’enseignement. La garantie d’une reconnaissance de l’histoire des femmes nécessite un engagement continu et une prise de conscience de la part des enseignants, des élèves et des décideurs politiques.

Sources : adosen-sante.com | dumas.ccsd.cnrs.fr | radiofrance.fr | actualitte.com | cafe-sciences.org | youtube.com | francetvinfo.fr │ flair.be │ ojim.fr

Une réponse sur « L’invisibilisation des femmes #1 : Les programmes éducatifs »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *