Catégories
Société

Les congés menstruels, une avancée pour les femmes dans le monde du travail #1

De nombreux pays dans le monde accordent ce droit aux femmes. Et la France ?

Depuis le 16 février 2023, l’Espagne accorde désormais des congés menstruels aux femmes dans le monde du travail. C’est une avancée considérable, sachant que les questions sur la menstruation sont encore méprisées, voire taboues dans plusieurs pays. Les menstrues relèvent d’un phénomène physiologique mensuel normal chez les personnes ayant un utérus, de la puberté à la ménopause. Elles peuvent être douloureuses et troubler la vie socio-professionnelle de beaucoup de personnes menstruées. Pourtant, autoriser ou ne pas autoriser un arrêt de travail pendant cette période alimente les débats et reste problématique. Certaines estiment que le légitimer serait un facteur discriminatoire supplémentaire au recrutement des femmes. Par contre, d’autres soutiennent que cela représente un exploit pour le droit des femmes. Alors, est-ce une bonne ou mauvaise idée les congés menstruels ? Quel est le cadre qui les régit ? Qui peut en bénéficier ? Qu’en est-il en France et ailleurs ? Si tu te poses autant de questions, ça tombe bien ! Je fais le point sur le sujet pour t’aider à y voir clair.

Qu’est-ce que le congé menstruel ?

Le congé menstruel fait référence à l’apparition des règles chez les femmes, tous les mois. Il s’agit donc d’un repos spécifique, accordé aux salariées souffrant des règles douloureuses. Ce repos varie entre un jour ou plusieurs jours, selon l’intensité de la douleur de chacune et la réglementation de l’entreprise.

congés

Le congé menstruel, bonne ou mauvaise idée ?

En France et partout dans le monde, ce n’est pas toujours aisé de parler des menstrues et des problématiques qui y sont relatives, en société, surtout au travail. Pendant leur période menstruelle, les personnes emploient plutôt d’autres expressions comme « avoir les ragnagnas, avoir ses rougets, ses affaires… ». Or, c’est un processus naturel et sain qui touche 800 millions de femmes, de filles et de personnes transgenres, chaque jour sur la planète. Chacune devrait dire « je saigne » sans gêne, et exprimer sans tabou ni détour, les changements que leur corps subit pendant le cycle

Les règles au travail

En entreprise, l’inconfort de la menstruation pousse les salariées à se surpasser et à être stratégiques. Rien ne doit transparaître sur leur état et apparence physique. En effet, plusieurs font de l’automédication et appellent à l’aide des collègues féminines

Selon une enquête réalisée par Aline Bœuf, chercheuse sur la question des règles au travail,  les femmes élaborent des plans pour s’adapter à la situation. Elles aménagent leur emploi du temps, évitent les réunions et les interactions sociales, ou télétravaillent. Or, ces ajustements ne sont pas toujours admissibles dans toutes les organisations. 

De plus, la chercheuse rapporte que les hiérarchies à dominance féminine communiquent facilement sur le sujet, contrairement à celles à dominance masculine. Rappelons que la proportion des femmes dirigeantes est encore faible, vu leur entrée effective récente (années 60) dans le monde du travail. En France, on compte seulement 15 % de cheffes d’entreprises (Le pouvoir économique des femmes sur le marché du travail : une réalité ambivalente, Isabelle Puech, pages 18-22).

Ainsi, le lieu de travail est encore perçu comme un espace neutre, avec des dispositions pensées par les hommes, pour les hommes, qui ne connaissent rien aux radadas. C’est pourquoi, certaines femmes préfèrent taire les questions spécifiques à la condition féminine, pour augmenter leur chance d’évoluer professionnellement. Celles-ci ne sont pas confiantes sur leur avenir en entreprise si elles prétendent à un congé spécial, en plus des congés conventionnels. Pour elles, cela renforcerait l’exclusion des candidates à l’emploi et le harcèlement au travail, par des individus non menstrués. En réalité, ces derniers ignorent l’impact des règles sur le bien-être et la productivité au travail. 

Pourquoi des congés menstruels ?

Aller travailler pendant qu’on saigne influe sur la santé mentale et affecte la productivité. Comment être debout, gérer les relations avec ses collègues ou avoir une réunion importante alors qu’on a eu une insomnie et qu’on a mal ? Entre les crampes abdominales, les contractions utérines, la fatigue, l’hypersensibilité émotionnelle, le repli sur soi, le manque de concentration ou le mépris du mal-être par l’entreprise et par l’entourage… Tel est l’aperçu du quotidien des personnes pendant l’écoulement mensuel. D’aucunes présentent des symptômes avant les règles. On parle du syndrome prémenstruel. D’autres ressentent des douleurs au début du cycle et durant (dysménorrhée), ou peu après. Le processus est cyclique, tous les mois. L’intensité de la peine varie selon l’abondance ou non du flux menstruel, selon chaque personne. Les dames redoutent ce moment. Toutes prient que leurs règles surviennent en fin de semaine ou le jour du repos, pour mieux gérer les deux premiers jours, chez soi. D’ailleurs, plusieurs aimeraient ne plus avoir leur règle, surtout celles qui souffrent de l’endométriose.

congés

Retrouvez la suite de l’article sur le blog du Mouvement !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *