« Boycott cette coupe d’immonde » scandent des manifestants, rappelant une fois de plus que l’alarme climatique a sonné. Et on aura rarement vu une coupe du monde aussi contestée que celle de 2022 au Qatar. Si les prises de conscience écologiques de cette dernière décennie y sont pour quelques chose, c’est aussi et surtout une réaction légitime face à l’aberration écologique que représente cet évènement. Évidemment, on ne peut omettre le scandale social que représente également cette coupe du monde, puisque plus de 6 500 ouvriers sont morts sur les chantiers des stades. Selon certaines enquêtes, ce chiffre serait même sous-estimé, ce qui peut nous faire penser que le Qatar chercherait à étouffer l’affaire autant que possible. On ne peut oublier non plus la remise en question des droits humains, et les soupçons liés à la corruption de cette Coupe.
Tous ces éléments viennent remplir un seau qui déborde déjà d’insatisfaction et de contrariété, mais les enjeux plus que calamiteux pour la planète a engendré un vrai déchainement, et on comprend pourquoi.
Un évènement éphémère pour des conséquences durables
C’est le 20 novembre dernier que le Qatar a donné le coup d’envoi de la coupe du monde. Pourtant, depuis plusieurs semaines déjà, les esprits s’échauffent et une atmosphère de plus en plus tendue se fait ressentir autour de cet évènement. En effet, accueillir une coupe du monde au milieu d’un désert n’est pas commun et encore moins responsable.
Le Qatar a donc prévu, à cet effet, de climatiser sept stades sur les huit accueillant l’évènement. Ces stades étant à ciel ouvert, il n’est pas compliqué de calculer quels en sont les enjeux.
Mais malheureusement, c’est loin d’être la seule catastrophe au niveau écologique de cet évènement à échelle mondiale… Cette coupe du monde semble totalement ignorante des enjeux réels, comme coupée du monde ou appartenant à un autre espace-temps. Cet évènement s’inscrit en continuité au dérèglement climatique et va en l’accentuant. La FIFA et le ministre de l’Environnement du Qatar se sont voulu rassurants quand ils ont assuré que cette coupe du monde serait d’un « bilan carbone neutre ». Jusqu’où ira le greenwashing ?
Un bilan inquiétant avec des chiffres constamment en hausse
En 2018, la coupe du monde qui s’était tenue en Russie. Elle avait émis pas moins de 2,16 millions de tonnes de CO2. D’après la FIFA, ce sera une émission de carbone à la hausse à laquelle nous devons nous attendre. Ce serait près de 3,6 millions de tonnes de CO2 pour la coupe du monde au Qatar. Cela représente 10 % de ce qu’émet la France en un an ! C’est malheureusement un chiffre qui encore une fois serait largement sous-évalué. Selon Gilles Dufresne de l’ONG Carbon Market Watch, il faudrait multiplier ce chiffre par 5 au minimum. Il faut savoir que c’est l’équivalent de 18 millions d’aller-retour Paris-New York, pour avoir une idée plus concrète.
En 2012, le Qatar annonce que chaque stade aura un système de climatisation. Finalement, c’est pas moins de 7 stades sur 8 qui seront climatisés. Ce sera donc une température d’en moyenne 20 degrés auxquels devront s’attendre les joueurs et les spectateurs, contre 30 degrés ambiants à l’extérieur. C’est l’exemple ultime d’une adaptation à la limite de l’absurde. Le Qatar n’est tout simplement pas un pays apte à accueillir un Mondial de football. Rappelons-le, le Qatar est situé au nord du désert Rue Al-Khali, soit une des régions les plus chaudes au monde.
La réponse que nous donnent les qataris
Ces stades sont présentés par les qataris comme le summum de l’innovation et dont ils sont fiers par-dessus tout. C’est une démonstration du génie humain et surtout une volonté d’adaptation à tout prix, mais qui ne fait qu’aggraver l’alarme climatique. Selon la Banque mondiale, le Qatar est le pays qui émet le plus de CO2 à l’échelle mondiale. En moyenne, c’est 32,5 tonnes de CO2 par habitant. À titre de comparaison, nous sommes à neuf tonnes par habitant en France aujourd’hui. Ce qui est déjà conséquent parait surréel au Qatar. Pour s’en défendre, les organisateurs expliquent que les climatisations des stades seront principalement alimenté par un champ de panneaux solaires qui s’étend sur pas moins de 10 kilomètres carrés, soit l’équivalent de 1400 terrains de football.
Mais si les infrastructures sont au cœur de cette polémique, elles ne représentent finalement que 24 % des émissions au total. Ce qui comptera pour la moitié des émissions, c’est avant tout le transport. Le Qatar attend 1,3 million de spectateurs sur l’ensemble de la compétition. Pour couronner le tout, la superficie du Qatar étant trop petite pour accueillir tant de monde en un court laps de temps, c’est Qatar Airways qui a pris les devants. La compagnie aérienne a annoncé un nombre record de 160 vols quotidiens. Cela représente plus d’un avion toutes les dix minutes.
Comment le pays répond à ses polémiques et tente de se redonner une bonne image ?
C’est avec une cérémonie d’ouverture haute en couleurs que le Qatar tente de faire face à toutes ses polémiques. Ils ont une envie de prouver au monde entier qu’ils ont une maîtrise totale de l’organisation de cette coupe du monde. Tout est donc prévu pour éviter le moindre faux pas. Malheureusement la réussite n’était pas au rendez-vous puisque le Qatar a perdu son tout premier match. Les tribunes se sont vidés à une vitesse fulgurante (bien que des « supporters » aient été rémunérés pour se rendre au stade en ce jour de match). Les organisateurs ont, de plus, eu beaucoup de mal à gérer les mouvements de foule dans les fanzones à l’extérieur du stade.
C’est ainsi un Qatar pris au dépourvu que l’on retrouve, tentant tout de même de faire bonne figure, mais sans succès; car rien ne pourra rattraper ce manque de prise en considération à l’égard de l’environnement tout particulièrement.
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