Les films du studio Ghibli ne sont plus à présenter. Créés par Hayao Miyazaki et son équipe, ces films sont devenus célèbres par leurs belles histoires et leurs magnifiques graphismes. Ces films ne se destinent pas uniquement aux plus petits d’entre nous. Sous couvert de légèreté et de fantaisie, ces films traitent de sujets plus profonds et sont critiques sur la société. Hayao Miyazaki est donc un réalisateur engagé et souhaite le diffuser à travers ses œuvres.
Un précédent article met l’accent sur la thématique écologique, clé de voûte des films du studio Ghibli. L’écologie n’est cependant pas le seul thème important pour l’artiste japonais.
En véritable avant-gardiste, Miyazaki crée autour de la femme, et plus précisément sur l’émancipation de cette dernière, dans une société japonaise très patriarcale.
Princesse Mononoké : représentation de la femme émancipée
L’exemple le plus parlant est sûrement Princesse Mononoké. Sorti en 1997, ce film regorge de figures féminines qui dénotent des standards habituels, aussi bien en Occident qu’en Asie.
Une des protagonistes, San, est une jeune femme guerrière élevée par des loups. Elle possède des cheveux courts, renvoyant un autre regard sur la féminité. En effet, au Japon, les cheveux longs et raides sont synonyme de beauté. L’idée de Miyazaki de dépeindre la princesse comme sauvage est à contrecourant avec la représentation courante des princesses, bien éduquées et délicates.
Une autre femme attire notre attention, Dame Eboshi. Respectée par les travailleurs et travailleuses pour les avoir libérés de leurs carcans, elle dirige d’une main de fer les forges Tatara. Elle est le symbole de la femme froide et sûre d’elle, ne se laissant soumettre par quiconque. Bien que cela nous semble normal de voir une femme diriger une institution, il est important de se rappeler qu’au Japon, il existe des inégalités hommes/femmes importantes, notamment au niveau de l’emploi. Cela est d’autant plus pertinent que le film est sorti en 1997, plaçant Miyazaki comme soutien au mouvement féministe.
Nausicaa de la vallée du vent : femmes Général et véritables leader d’opinion
Ce film du studio Ghibli sorti en 1984 est un autre exemple de l’engagement de Miyazaki autour de l’émancipation de la femme. On retrouve comme personnage principal une héroïne, Nausicaa, future dirigeante du royaume de la vallée du vent. C’est une jeune femme sûre d’elle, têtue et débrouillarde. Loin de l’idée de la princesse chétive, Nausicaa incarne à la fois la guerrière prête à tout pour sauver son peuple, mais également la très respectée stratège. Elle ne porte pas de robe, mais une tenue de combat et possède, à l’instar de San, des cheveux courts.
De l’autre côté de la guerre, se trouve la princesse Kushana, figure emblématique de l’Empire Tolmèque. Fine stratège, elle dirige son armée avec poigne et ne se laisse pas manipuler par ceux qui voudraient la voir tomber. C’est une femme froide, calculatrice et très charismatique. Elle est présentée en armure de combat, tenue ayant toute son importance, car habituellement portée par des hommes.
Miyazaki place ses héroïnes dans une position de leader, n’ayant pas besoin des hommes pour diriger ou pour survivre. Sa vision dénote de la vision patriarcale de la femme fragile, au foyer, encore très ancrée dans la société japonaise, mais également dans nos sociétés occidentales. Selon le Japan Times, en 1979, 72,5 % des Japonais pensaient que les femmes devaient être au foyer. Miyazaki bouscule donc les codes de cette époque en créant des femmes indépendantes, fortes et émancipées.