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Le retour du “corps des années 2000” ?

Le mythique défilé Coperni a beaucoup fait parler de lui et a relancé plusieurs débats…

Une popularité sous l’ombre de Gigi Hadid

Impossible de la manquer dans l’univers de la mode, elle est partout. Bella Hadid, 25 ans, fille de Yolanda, ex-mannequin et Mohamed, riche homme d’affaires et sœur de Gigi Hadid, elle-même mannequin tendance.

corps des années 2000

Ainsi, preuve de son incroyable popularité, elle était sur plus de 25 défilés lors de la fashion week printemps-été 2023, voyageant en l’espace d’un mois entre Paris, Milan, New York et Londres.

Bella a fait beaucoup parler d’elle, notamment avec sa prestation au défilé Coperni (presque nue, une robe lui a été vaporisée dessus), mais également en raison des traits marqués et de sa silhouette bien plus fine qu’à l’accoutumée.

La top-model n’a pas toujours eu cette popularité et a longtemps été dans l’ombre de sa grande sœur, Gigi. En effet, cette dernière est plus blonde, plus populaire et au physique plus “américain”. En 2012, Gigi pose pour Guess et commence son histoire avec succès. Bella arrive sur la planète mode en 2014, avec des couvertures plus modestes et des contrats de campagnes publicitaires qu’elle partage avec sa sœur.

La nouvelle popularité sous l’ombre du corps des années 2000

corps des années 2000

Pour se démarquer de Gigi, elle entreprend alors une métamorphose physique et commence très tôt. Elle relate même à Vogue en avril 2022 “j’étais la sœur moche, la sœur pas cool”. À 14 ans, elle se fait donc refaire le nez. Elle s’entoure de it girls, consœurs tendances, et adopte un style irréprochable et avant-gardiste.

Alors, c’est une belle histoire, celle d’une jeune fille qui fait sa place, cartonne et est adulée par toutes les adolescentes. Où est le problème ?

Le problème est que la popularité de Bella s’est accrue à mesure que sa silhouette s’est affinée et modifiée, relançant l’inquiétant terme “corps des années 2000” sur le devant de la scène de cette fashion week.

Milieu des années 2000, Ana Carolina Reston, 18 ans, meurt d’anorexie. Elle avait souhaité conserver un poids trop faible pour continuer de gagner des contrats. D’autres mannequins connaîtront le même destin funeste, forçant des prises de position drastiques à l’époque sur pression du Ministère de la Santé : aucun mannequin ne défilera à Paris sans un IMC considéré normal et sans avoir reçu l’aval d’un médecin.

On peut se demander où se trouvent les réflexions autour de cette idée du corps des années 2000, qui a vraisemblablement disparu gentiment et silencieusement au fil des années.

La philosophie peu mouvante de la mode

Le problème n’est pas Bella Hadid. Et le skinny bashing ne doit pas avoir sa place, au même titre que le fat shaming. Le problème reste cette philosophie de l’industrie de la mode. Sous couvert de s’ouvrir et d’inclure des profils atypiques, elle conserve toujours en vedette des défilés et des campagnes publicitaires ces mannequins. Celles-ci, pour être populaires, doivent absolument rester minces, voire maigres.

corps des années 2000

La mode s’ouvre : nous voyons défiler aujourd’hui plus que jamais des personnes de couleur, de personnes transgenres, des monsieur et madame “tout le monde”, des actrices et influenceuses… La française Constance Jablowski a même défilé enceinte sur le show Etam de cette saison.

Dans The Irish Time, la journaliste Jennifer O’Connell ose d’ailleurs la question : “Is it fashion or she is just skinny ?”. Se traduisant par “c’est fashion ou elle est juste maigre ?”, en réponse à la prestation “robe spray” de Coperni. Aurait-on admiré ce moment de la même façon que si cela avait une personne lambda au corps imparfait ?

Selon elle, non.

Les modes vont et viennent, mais certaines choses restent constantes. Comme le fait que la maigreur soit associée à la beauté.

Jennifer O’Connell, journaliste pour The Irish Time

La mode avance donc bien, mais non en avant-garde, comme elle pourrait le faire. L’industrie se cale aux désirs forts d’une société qui veut une meilleure représentation des diversités. Alors la mode s’exécute. Mais au minimum syndical, ce qui est dommageable.

Si le sujet t’intéresse, tu peux lire notre article sur la campagne body positive qui a été lancée en Espagne !

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