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Sainte-Foy-lès-Lyon, département du Rhône : l’affaire Preynat

Retour sur les faits de l’affaire Preynat.

Sainte-Foy-lès-Lyon. Jolie petite bourgade chic qui domine le confluent du Rhône et de la Saône, en limite du 5ᵉ arrondissement de Lyon et qui stagne depuis les années 1970 à environ 21 000 habitants. La ville est dotée de magnifiques monuments, tels que le château de la Bachasse, un aqueduc romain, un fort militaire, plusieurs chapelles, un temple bouddhiste et une église. Malgré ses attraits indéniables, ce n’est pourtant pas pour son architecture que la ville est aujourd’hui connue. Aujourd’hui, Sainte-Foy-lès-Lyon est à tout jamais marquée par l’affaire Preynat, affaire que l’on peut aussi retrouver sous le nom de l’affaire Barbarin.

Une affaire de crimes sexuels

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C’est en 2016 que l’affaire éclate, avec la création de l’association de victimes La Parole Libérée, créée par François Devaux et deux amis. En effet, le Père Preynat a abusé de plusieurs dizaines d’enfants scouts dont il avait la responsabilité entre les années 1970 et les années 1990. L’impact médiatique est énorme, le combat des victimes acharné. L’affaire arrive jusqu’au Vatican, fait rarissime. Les retombées se font sentir également pour les prêtres qui ont couvert sur toutes ces années les agissements monstrueux de Preynat. Car tout le monde savait. Ainsi, on assiste à la chute de l’un des cardinaux les plus connus et respectés de la région : Monseigneur Barbarin. Il avait officié les funérailles des victimes lyonnaises des attentats de Paris en 2015.

Après des années de lutte, en novembre 2020, Bernard Preynat est condamné à cinq ans de prison ferme. Il est actuellement incarcéré à la prison de Saint-Étienne-La Talaudière.

C’est dans ce contexte traumatique que la ville de Lyon s’inscrit aujourd’hui. En dehors de Bernard Preynat, l’affaire a permis de déterrer de nombreuses affaires commises aux alentours. La parole s’est bien libérée, pour faire référence à l’association éponyme, aujourd’hui dissoute.

Les noms de Babolat, Gérentet de Saluneaux, Billioud refont surface. Et c’est dans cette dynamique que le nom de Louis Ribes émerge, lui aussi.

Le Picasso des églises

Louis Ribes, né en 1920, est ordonné en 1947, et le restera jusqu’à son décès en 1994. La particularité de cette affaire (révélée par Luc Gemet, qui a constitué un collectif de victimes) est que Ribes est un artiste. Il est d’ailleurs surnommé Le Picasso des églises.

Pour puiser son inspiration, Louis Ribes faisait poser des enfants, avec l’accord des parents. Une fois l’accord recueilli, le piège se referme sur les petites victimes (majoritairement entre 8 et 14 ans). Louis Ribes, dans son atelier, leur demande de se déshabiller. C’est lors de ces sessions de pose que les attouchements se produiront. À ce jour, plus d’une cinquantaine de victimes se sont déclarées auprès du collectif de Luc Gemet.

De nombreux tableaux et vitraux portent le nom de Louis Ribes. Si la plupart des tableaux ont pu être retirés des églises (ils n’ont pas été détruits, mais sont conservés parmi les antiquités de Lyon), ce n’est pas la même situation en ce qui concerne les vitraux des églises. Alors qu’est-ce qui bloque ?

Parce qu’en effet, le diocèse de Lyon est formel. Il reconnait la culpabilité de Louis Ribes. Le diocèse s’est également engagé à prendre en charge financièrement la dépose des vitraux et la pose de nouveaux vitraux.

Une solidarité aux victimes en pointillés…

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Pourtant, certaines villes font de la résistance. Ou ont tenté, au titre de la conservation du patrimoine ; comme pour la commune de Charly, qui a fait volte face après avoir reçu le collectif des victimes et s’être engagé à déposer les vitraux. Les déposes sont aussi validées pour les villes de Caluire et Cuire, Loire sur Rhône ou encore Dième.

Car la problématique de ces vitraux n’est pas simplement qu’ils soient de la main de Louis Ribes. En effet, il est reconnu que certains vitraux présentent de façon plus ou moins abstraites des scènes de pédocriminalité. L’inspiration de Ribes se puisait dans les attouchements qu’il produisait sur les enfants.

Parmi les villes qui refusent la dépose au titre de la conservation du patrimoine, la ville de Givors. Elle abrite dans la chapelle de Saint-Martin-de-Cornas, un vitrail qui présente un enfant de dos semblant faire une fellation à un curé drapé d’une cuculle.

Pour le maire Mohammed Boudjellaba, “Il faut séparer l’homme de l’artiste”. Un argument impossible à entendre pour le collectif de victimes, soutenu par l’association Be Brave France, dont Arnaud Gallais est le porte-parole.

“Pour nous, ce n’est pas de l’art. C’est un mobile qu’il avait pour violer des enfants et pour nous, c’est insupportable.”

Arnaud Gallais, porte-parole de l’association Be Brave France

L’activiste invite d’ailleurs les personnes qui soutiennent le mouvement à écrire à la mairie de Givors pour demander la dépose des vitraux par respect pour les victimes.

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