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Mustang : une ode à la liberté

Un film poignant sur le destin de cinq sœurs en Turquie face au patriarcat écrasant.

Pourquoi parler de ce film ?

Mustang est une œuvre cinématographique de 2015 signée par Deniz Gamze Ergüven et co-scénarisée par Alice Winocour ; elle est récompensée par les César en 2016 et également nominée aux Oscars la même année. Véritable ode à la liberté, ce film dénonce les conséquences de la société patriarcale turque sur la vie de cinq jeunes filles, cinq sœurs. Mustang, c’est par ailleurs le caractère impétueux de ces cinq adolescentes.

Le synopsis – le destin de cinq sœurs chamboulé

Au nord d’Istanbul, dans la campagne, le destin de ces cinq sœurs est chamboulé en l’espace d’une journée. C’est le dernier jour de l’année scolaire. Quelques heures de joie et de jeu avec leurs camarades de classe à la plage. Ces camarades, ce sont des garçons. Et en effet, quoi de plus obscène qu’un jeu innocent avec des garçons. C’est alors que leur destin est bouleversé. Leur réputation est entachée. En cause : la proximité entre leurs corps. Rien de plus humiliant pour une famille que des filles à mauvaise réputation. La rumeur se propage. Dès la fin de journée leur oncle, patriarche de la famille, les attend de pied ferme.

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Leur avenir est alors scellé. Pour sauver l’honneur, il faut en faire des femmes bien. Plus d’intimité, il faut forcer la résilience. Il faut contrôler leur virginité pour les marier au plus vite. Il faut les enfermer pour ne pas les pervertir. La maison devient donc prison. Tout, de leurs tenues à leurs activités, doit voiler leur féminité. Il faut faire oublier cet incident et redorer leurs mœurs.

Mais ces jeunes filles, dans la fougue de la jeunesse, ne se laissent pas faire. Leur liberté leur est précieuse. Elles n’ont pas dit leur dernier mot. À leur manière, elles luttent contre ce destin écrasant. Ainsi, c’est la résistance qui s’installe. Elles incarnent la honte et l’espoir. Le cauchemar du patriarcat. La beauté de l’insoumission.

Mustang : la réalité du patriarcat

La Turquie est un pays schizophrène, répète la réalisatrice. Parce que, oui, cette histoire n’est pas un cas isolé. Ce n’est pas non plus un vieux récit. Bien que parfois jugé comme trop caricatural, cette œuvre est nécessaire. Elle est nécessaire pour comprendre, pour s’instruire. Indispensable pour lutter contre une liberté sans cesse menacée par l’extrême. C’est le destin de milliers d’adolescentes entre les mains des hommes de leur famille. Cette réalité est celle de l’arrière-pays turc, bien que ce film relate d’un cas extrême. Loin des classes aisées et des non-islamisés, ce portrait est celui de quelques villages ultra-nationalisés. C’est le destin des jeunes femmes turques dans les régions rurales.

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Mais cela peut prendre racine n’importe où, n’importe quand. Ce film est alors une ouverture aux libertés menacées.

Des progrès nets

Cependant, il est nécessaire de constater que ce portrait n’est pas celui d’un pays entier. On peut mentionner toutes les évolutions déjà acquises pour la condition de la femme. Depuis plus de 150 ans, les lois s’orientent vers l’élargissement de leurs droits. Entre la scolarisation, les études supérieures, l’entrée en politique, une voie s’ouvre peu à peu à elles. Mais comme ce film nous le montre, cela ne concerne pas l’entièreté du pays et encore moins les zones rurales. Certains projets de lois, certains évènements continuent de menacer ces avancées, car l’extrême patriarcat et les mœurs règnent toujours en maître.

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